Le Renault Scénic premier à se « Paxer »

Rouler à plat durant 200 km à une vitesse d'environ 80 km/h sans risquer l'éclatement ou le déjantage, telle est l'innovation majeure apportée par le « Pax System ». Cette technologie mise au point par Michelin sera proposée en option sur le Renault Scénic à partir de juin prochain. Son surcoût ne dépassera pas 2'000 FF pour un véhicule déjà pourvu de jantes alliage et de l'indispensable système de surveillance de la pression des pneumatiques.

Le concept du Pax System repose sur deux innovations techniques majeures : le montage d'un appui en élastomère à l'intérieur de la jante sur lequel peut s'appuyer le pneumatique qui vient à manquer d'air et l'accrochage vertical qui garantit un blocage mécanique afin de supprimer tout risque de déjantage. Plus qu'une évolution, il s'agit d'une vraie révolution qui a conduit Michelin à totalement repenser le pneumatique. L'enveloppe spécifique au Pax System possède par exemple des flancs de hauteur réduite, ce qui a permis de limiter le roulis et la dérive en virage. Accessoirement, cela permettra également de monter des disques de freins de plus grand diamètre.

Michelin annonce par ailleurs une diminution de 20 % de la résistance au roulement à faible vitesse qui entraînerait une réduction de la consommation de l'ordre de 3 %. Dernier avantage, le Pax System permettra à terme de supprimer la roue de secours, comme c'est déjà le cas dans certaines voitures de sport. Un gain de place mais pas de poids car la masse d'une roue du Pax System s'avère supérieure de plus de 25 % à celle d'une roue classique. Les réglages de suspensions doivent d'ailleurs être modifiés pour compenser cette augmentation des masses non suspendues qui pourrait s'avérer nuisible à la tenue de route.

Renault qui inaugure le système n'a cependant pas l'intention de bousculer ses clients et, dans un premier temps, le choix de l'option Pax System n'entraînera pas la suppression de la roue de secours. Le client pourra toutefois s'en passer avec l'option négative qui lui fera économiser 800 FF. Le principal intérêt du système pour le futur propriétaire d'un Scénic « Paxé » résidera donc dans la diminution notable du risque d'accident dû aux pneumatiques. Un progrès crucial qui générera cependant quelques petits inconvénients. Après avoir roulé à plat, le pneu devra être inspecté et, dans certains cas, réparé ou remplacé.

Cela nécessitera un outillage spécifique que tous les garages ne posséderont pas. Michelin annonce toutefois qu'un réseau sera mis en place de façon à ce que les utilisateurs ne soient pas à plus de 80 km d'un réparateur agréé. L'avenir du Pax System passe inévitablement par sa généralisation. C'est en bonne voie, même si chez Peugeot, on attend encore une réduction du poids, jugé excessif et une amélioration du confort pour l'adopter. Après avoir conclu un accord avec Pirelli dès 1999, Michelin vient de rallier Goodyear à sa cause et les trois manufacturiers visent 30 % du marché d'ici à cinq ans.

T. E., Le Figaro, le 23.04.2001