Lors du dernier Salon international des inventions de Genève 2001, ce fribourgeois a présenté un nouveau concept de marquage au sol pour la circulation routière.

Marcel Fässler, son invention a été courronnée d'or à Genève.

Une médaille d'or avec félicitations du jury et le prix 2001 de l'Association des inventeurs allemands. A n'en point douter, Marcel Fässler se souviendra de sa participation au 29, Salon international
des inventions de Genève. L'habitant de Siviriez, âgé de 43 ans, y a présenté un nouveau concept
de marquage au sol pour la circulation routière. Si son projet passe le cap de la normalisation, les
inscriptions peintes sur la chaussée pourraient alors subir un sérieux lifting. Allongées et amincies, elles seraient lisibles depuis beaucoup plus loin par les automobilistes.
Pour Marcel Fässler, les panneaux indicateurs de direction restent la solution idéale. Toujours est-il que pour des raisons de coût ou d'esthétique, ils cèdent souvent la place à des marquages au sol. Une alternative pas toujours heureuse comme a pu le constater le moniteur d'auto-école lors d'un de ses nombreux déplacements à l'Office cantonal de la circulation.

«ÇA M'A FAIT TILTER»
«En voyant écrit Schoenberg en deux mots sur la route, ça m'a fait un peu «tilter». Si vous indiquez cette direction à un élève conducteur, il doit effectuer un changement de présélection de dernière minute. Alors qu'il faudrait le faire le plus tôt possible pour garantir la fluidité du trafic. Les inscriptions actuelles sont plus adaptées aux oiseaux qu'aux automobilistes», plaisante Marcel Fässler. Comme il l'explique, les caractères souffrent de la visibilité oblique et basse qui est celle d'un conducteur. Les photos qui composent le dossier présenté à Genève sont d'ailleurs éloquentes. A 30 mètres, un "STOP" peint sur le bitume est à peine perceptible. De plus, la largeur actuelle des lettres empêche parfois d'apposer une légende in extenso sur la chaussée. L'exemple du Schoenberg est un cas parmi d'autres.
Après plusieurs essais, Marcel Fässler a fini par trouver pour ses lettres le rapport hauteur/largeur qu'il estime idéal: 5,40 m par 18 cm, contre 2 m par 37 cm pour les marquages de présélection les plus courants. Fines et longues, les nouvelles inscriptions donnent l'impression, avec du recul, d'avoir été surélevées. Elles restent ainsi bien visibles jusqu'à plus de 70 mètres.
Autre avantage des lettres redessinées par Marcel Fässler: elles ne sont composées que de segments verticaux, horizontaux et diagonaux. Trois pochoirs sont donc suffisants pour leur marquage alors qu'il en faut, alphabet oblige, vingt-six actuellement.

BIENTÔT SUR NOS ROUTES?
Brevetée il y a déjà plus d'une année, l'invention du Glânois a été soumise il y a peu et pour la seconde fois à l'Union des professionnels suisses de la route (VSS), à Zurich. But de l'opération: obtenir une modification des normes suisses de signalisation. A la VSS, Beat Schlup reconnaît que c'est une bonne invention. Son avenir? Certainement pas sur les autoroutes. «La tendance est d'y privilégier les panneaux indicateurs», souligne le responsable des normes de signalisation verticale. Avant d'ajouter: «Mais sur les routes cantonales, pourquoi pas?»
Marcel Fssler, lui, veut rester optimiste. D'autant plus que plusieurs communes de suisse ont déjà manifesté leur intérêt lors du salon genevois. Et si la réponse de la VSS devait s'avérer négative? «Cela ne serait pas grave. Cette expérience aura été de toute façon très enrichissante», avoue sans détour le Glânois. Sans compter qu'il a plus d'un tour dans son sac. Gagné désormais par le virus de l'invention, il confie avoir déjà deux autres projets en tête. Lesquels? Motus. Marcel Fässler se fait soudain avare. De mots et de... lettres.

La Liberté, 15 mai 2001, Christophe Sugnaux