_ No 19 - printemps 2008 Print

Une vérité qui dérange

Le discours écologique n'est pas nouveau. Al Gore, ancien vice-président des USA pendant huit ans, donne du poids aux thèses vertes. Engagement sincère, regret tardif ou jeu politique pour soigner son ego bafoué ? Il y a 20 ans, la mort des forêts en Europe était inéluctable. Aujourd'hui, plus personne n'en parle. Comment former l'opinion publique ?

Une observation relevée à coups de statistiques fait passer le combat contre le réchauffement planétaire pour une urgence. L'homme est-il vraiment responsable de l'accélération de ce réchauffement ? Est-ce que l'équilibre avec des conditions climatiques idéales est possible et naturel ? Nos rêves et nos croyances peuvent nous tromper. Est-ce que la Terre a vraiment besoin de nous ? Notre humanité déplorable mérite-t-elle l'immortalité ? Que représentons-nous face aux 13 ou 14 milliards d'années qui nous séparent du big bang ?

Si nous voulons sauver notre niveau de vie, notre confort et la planète, il faudra être innovant. J'ai confiance en Al Gore car il est au comité de direction de Apple et il est aussi conseiller de Google. Ces deux sociétés sont innovantes avec des approches inédites du marché mondial. Pendant plus de 25 ans, il fut un politicien en vue aux USA. Aujourd'hui, il préside Generation Investment Management et développe de nouveaux concepts dans les investissements durables. Al Gore est-il un visionnaire ? Est-il dans la vérité scientifique ? On peut croire en sa sincérité mais ses affirmations et ses constats sont-ils des faits irréfutables ?

J'ai vu le film. Je n'ai rien changé à mon comportement. Je suis convaincu que, modestement, je fais tout juste en matière écologique. Oui, il y a des points que je peux encore améliorer mais à quel prix? Suis-je motivé à m'imposer des choix rigoureux alors que la pollution se maintient à l'Ouest et augmente en Chine, aux Indes, en Afrique et à l'Est ? Pour l'avenir de l'homme, de la Terre, il serait bon d'éviter les déclarations péremptoires dans les médias.

Créer son entreprise, un engagement citoyen

J'ai vu le film d'Al Gore et je suis resté le même. C'est peut-être dramatique. Suis-je déjà un bon recycleur ou un inconscient ? Pour me convaincre, je souhaite voir les responsables des grandes organisations écologiques travailler autrement, plus vite et mieux. Ces cadres verts ont vu le documentaire réalisé par Davis Guggenheim mais ils n'ont rien changé à leur comportement. J'attends du WWF, des anti-Davos, des alter-mondialistes, une vision et un projet fédérateur pour 6 milliards d'individus. La boîte à idées ne suffira pas. Il faut investir intelligemment dans la formation et donner des moyens aux créateurs qui s'engagent sur des projets novateurs. Ne gaspillons pas les ressources humaines pour gagner quelques semaines face à la mort. Formons la jeunesse, les leaders de demain. N'oublions pas le potentiel des seniors, une énergie renouvelable.

Le Lavaux, sauvé par Franz Weber, inscrit au patrimoine de l'UNESCO, montre que les tensions bien gérées sont positives. En Suisse, la construction nationale est toujours en devenir, c'est notre chance. Une vision nouvelle viendra des philosophes. 3 minutes pour cuire un oeuf. 24 heures pour sauver le monde.

Narcisse Niclass