_ No 16 - printemps 2005 Print

Le thermomètre de l'apprentissage

Pour l'Union syndicale suisse (USS), l'avenir de l'apprentissage passerait par de nouvelles mesures contraignantes imposées aux entreprises. Ou encore, l'Etat devrait créer des places d'apprentissage car autrement il aura les jeunes sur les bras. joseph Deiss est interpellé régulièrement sur le sujet et il lui est reproché de ne pas en faire assez pour l'emploi, les jeunes et leur intégration dans le monde du travail.

Enfoncer les portes ouvertes

II y a 30 ans maintenant que la permanence c'est le changement. Tout le monde y va de ses beaux couplets et les Yaka et les Fokon occupent souvent le devant de la scène. Si, pour leur confort, les hypocrites sont bienheureux que nous ne soyons pas pleinement dans l'Union Européenne, l'incohérence ne leur fait pas peur. Chaque fois qu'une évolution remet en cause un acquis, il faut que la Suisse bétonne ses lois et règlements. Mais, en même temps, il faut que nous restions des champions du développement et de la croissance. Nos grands penseurs en politique économique veulent les lois sociales les plus souples et les meilleurs rendements financiers pour leur 3e pilier. II y a contradiction et surtout profiteurs en la demeure. Ceux qui parlent de la faim dans le monde ne sont pas ceux qui ont faim. Ceux qui parlent de développement et de coopération sont souvent des responsables d'associations bien installés dans leur fauteuil, les fesses au chaud.

Le chômage des jeunes: une plaie

Plus de 30'000 jeunes (15-24 ans) étaient inscrits au chômage au début de cette année. C'est un taux deux fois plus élevé que la moyenne suisse.

Les places d'apprentissage reculent. L'économie stagne, y compris dans les services dont nous étions des champions. Certes, nous sommes encore mieux lotis que nos voisins mais nous supportons mal cette situation. Au lieu d'agir, nous subissons, nous pleurons et nous cherchons des coupables. Nous regardons vers Berne et ne voyons rien venir. Et pour cause, est-ce que vous avez vu progresser un pays grâce à son administration ? Oui, pendant un certains temps, quand tout est sous perfusion et aux soins intensifs. Rapidement, c'est le désastre. Le dernier exemple historique, c'est la chute de l'Empire soviétique. Une construction qui s'est faite dans le sang et les pleurs en 50 ans et qui a implosé sans trop de drames en 20 ans.

Plus l'information va vite, plus nous avons la mémoire courte. Pour la première fois, les savoirs, les connaissances, sont accessibles pour tous. Mais, avec toute cette matière première, notre société tombe malade et nos dirigeants sont largués. Qu'est-ce à dire ?

Et la formation continue, continue...

Nous apprenons des anciens, nous apprenons de ceux qui nous ont précédés. Mais, il suffit de peu pour casser la transmission du savoir. La tradition, les contes, les veillées au coin du feu, tout ça n'existe plus. La TV a remplacé les grands-parents. Les EMS c'est le progrès... Les jeunes n'ont pas de travail, n'ont pas d'avenir ou ne voient pas leur avenir, parce que leurs parents, soixante-huitards, ont quitté les rails, il y a 30 ou 40 ans. D'un peuple de travailleurs et de créateurs de richesses, nous sommes devenus des profiteurs du monde. Tout ça sous le couvert d'améliorations sociales qui nous arrangent bien face aux difficultés planétaires. Nous avons la chance d'être dans l'hémisphère Nord où presque tout est disponible en suffisance. Nous avons un formidable potentiel et qu'en faisons-nous ?

Matière à réflexion

Si la formation continue a un sens, ce serait bien celui de donner un sens à notre vie. Nous améliorer, enrichir notre savoir et augmenter nos connaissances. Pourquoi et pour qui ? Certainement pas pour être encore plus égoïstes avec la moitié de l'humanité qui a la totalité des problèmes.

Le cerveau n'est pas un muscle qui se cultive devant la glace comme dans un centre de fitness. Par contre, si les citoyens mettaient leurs connaissances en réseau avec un objectif: changer ici, maintenant et tout de suite. Ce mouvement ferait certainement tache d'huile.

(Vous étions les champions dans le monde électrique: locomotives, machines-outils, radios, phonographes, magnétophones, télex et téléphones, dans aluminium... Nous avons raté le virage de l'électronique, puis de l'informatique. Allons-nous manquer l'évolution des nouvelles technologies de la communication et de la biotechnologie ? Introduisons vite un peu de philosophie dans le quotidien afin d'y voir clair.

On peut rêver. Si nous voulons changer quelque chose au monde qui nous entoure, il faut oser faire des sauts créatifs. Un bon exemple suisse Ce n'est pas en améliorant les locomotives à vapeur que nous avons crée le réseau ferroviaire électrique le plus dense au monde !