_ No 12 - printemps 2001 Print

Certification des chefs de projets en Suisse Romande

La certification de l'International Project Management Association (IPMA) vient d'être lancée en Suisse romande. Membre fondateur de la Société suisse de Management de projet (SMP) et directeur de la société Formation-Conseil SA basée à Fribourg et à Sion, Didier Bordon retrace, pour IRO-Mag, les premières étapes de ce processus et évoque le rôle dévolu à la formation dans la démarche de certification.

C'est à Lausanne, que douze Romands réunis sous l'égide de la Verein zur Zertifizierung von Projektmanagern (VZPM) ont donné le coup d'envoi en Suisse Romande du processus de mise en place de la certification IPMA. La VZPM, organisme suisse faîtier pour la certification IPMA des chefs de projet, adopte ainsi une procédure de certification identique pour toute la Confédération. Accréditions des qualifications et diplômes sont reconnus dans tout le pays.

Démarrage effectif en 2001

La Schweizerische Gesellschaft für Projektmanagement (SPM) et la Schweizerische Gesellschaft für Organisation (SGO) ont œuvré à la mise en place de ce processus de certification. Ils ont fondé la VZPM et développé le programme de certification en commençant par le niveau B - chef de projet certifié - puis en abordant les niveaux C et D, encore en cours de réalisation. Le niveau A n'apparaissant pas, aujourd'hui, nécessaire en Suisse, en l'absence de projets de très grande taille en nombre suffisant.

La Société Suisse de Management de Projet (SMP) et l'Association Suisse d'Organisation (ASO) rejoignent la VZPM, afin de promouvoir en Suisse romande cette reconnaissance du métier de chef de projet. “L'intérêt pour la certification s'est considérablement accru ces dernières années en Suisse romande, en particulier sous l'impulsion d'entreprises qui voient là une nécessité pour rester compétitives face à l'ouverture des marchés, constate Jean-Bernard Michel, Président de la SMP. En outre, le fait d'offrir cette certification à leurs chefs de projet (et la formation associée), constitue aussi un bon moyen de fidéliser leur personnel”.

Parmi les premières étapes du processus actuel figure la certification de niveau B des premiers chefs de projet romands parmi lesquels un certain nombre d'assesseurs pourront être sélectionnés. Une douzaine de candidats ont déjà postulé… Parallèlement à cette démarche, la SMP et l'ASO ont également décidé de commencer à travailler de concert à l'édition romande des documents nécessaires. “Nous estimons que la demande se situe majoritairement dans la certification de niveau C, aussi était-il nécessaire pour la VZPM de pouvoir compter sur des assesseurs francophones, explique Jean-Bernard Michel. Si tout se passe comme planifié, nous devrions pouvoir proposer celle-ci dès l'automne 2001. ”

Un processus fondé sur l'expérience

Ce processus de certification repose principalement sur l'évaluation d'un savoir-faire audité au cours de la démarche. Le document “IPMA Compétence Baseline” (ICB) décrit de manière précise les connaissances, l'expérience et le comportement attendus des chefs de projet. Ce référentiel constitue la base de tous les programmes de certification mis en place.

L'ICB comprend 42 éléments de connaissances et d'expériences ainsi que 8 aspects concernant le comportement personnel et 10 aspects sur l'impression générale. Les compétences “transversales” représentent donc presque le tiers des caractéristiques du chef de projet. L'ensemble des 28 éléments de base et au moins 6 des éléments additionnels, les aspects de comportement et d'impression générale seront évalués par les assesseurs. Le principe de la certification diffère fortement des processus classiques de formation. Basé avant tout sur le savoir-faire et l'expérience, la certification de niveau B et C est valable 3 ans seulement, renouvelable.

Le niveau B s'obtient, en Suisse, par le passage de 4 étapes : candidature, auto-évaluation et résumé de mémoire, mémoire sur un des projets menés et interview par les assesseurs.
Pour la certification de niveau C, le mémoire de projet est remplacé par un examen formel et un effort de réflexion. Quant à la certification de niveau D, elle est surtout destinée aux personnes sans véritable expérience de projet mais possédant des connaissances théoriques, des étudiants par exemple.

Le processus ainsi que les délivrables sont clairement exprimés dans le guide de la VZPM : chacun peut donc, en principe, réaliser les étapes de manière autonome. Cependant, la formation a sa place dans ce processus...

Un rôle pour la formation

La formation continue peut être faite de nombreuses manières regroupées en deux familles principales : la lecture, probablement le moyen le plus répandu sous nos latitudes et le coaching par une personne expérimentée, certainement le système d'apprentissage le plus ancien. La lecture est aujourd'hui transformée par l'apparition de nouvelles formes “multimédiatisées” d'apprentissage. Ces méthodes de formation requièrent cependant une grande volonté ainsi qu'une aptitude au travail individuel que tout le monde n'a pas. Le coaching par une personne expérimentée permet une transmission de savoir et de savoir-faire de loin plus efficace. C'est pourquoi, malgré le fait que l'Internet offre de nombreuses possibilités de formation, les écoles existeront toujours.

Dans ce contexte général, se pose la question de l'intérêt d'une formation en vue de l'obtention d'une certification. On peut en effet douter, en première analyse de la nécessité de suivre une formation en vue de l'examen d'une expérience et d'acquis individuels. Imaginons, cependant, quelques instants, quelle pourrait être notre expérience de candidat à la certification. La démarche commence bien entendu par une lecture soigneuse des instructions fournies par l'organisme de certification. Apparaît soudain le doute ! De nombreuses questions se posent : “Suis-je à la hauteur ? Que va-t-on me demander exactement ? Mon projet de référence va-t-il convenir ? Comment se passe un audit exactement ? Quelles sont mes chances ?”

Comme le montre l'expérience plus ancienne d'autres pays, un encadrement ciblé répond à ces questions, lève les doutes et démystifie la démarche. Le coaching proposé par l'organisme de formation encourage le participant et lui fournit tous les éléments nécessaires. Des ateliers permettent également un échange d'expériences et créent un élan de solidarité. Les heures difficiles consacrées à l'auto apprentissage, sont remplacées par un programme parfaitement planifié demandant certes, un blocage des journées, mais permettant d'épargner de longues soirées en solo. Un cursus idéal doit également comprendre un soutien à la rédaction du dossier et une préparation à l'entretien d'audit.

Les 60 éléments définis par l'IPMA sont disponibles sur le site : www.formation-conseil.ch
Les 42 premiers critères correspondant aux connaissances et à l'expérience, sont groupés selon les quatre domaines de compétence suivants ;

  • projets et bases : compétence fondamentale ;
  • intervenants et organisation : compétences sociale et organisationnelle;
  • procédures et procédés : compétence méthodologique ;
  • autres domaines du management : compétence dans les domaines généraux du management.

En Romandie, les cours correspondent naturellement à la structure en 60 points et tiennent compte des aspects propres à notre culture de projet existante, notamment influencée par notre trilinguisme et notre fédéralisme. Nous bénéficions des expériences acquises par nos collègues de Suisse orientale.

On peut ainsi recommander d'assigner à une formation, en vue d'une certification, organisée sous forme de séminaires, les objectifs suivants :
1. Faire resurgir le savoir et le savoir-faire des participants par un échange d'expériences ;
2. Compléter cette base par des éléments apportés par l'animateur ;
3. Mettre en forme cette connaissance selon une méthode structurée ;
4. Homogénéiser le vocabulaire ;
5. Créer un esprit d'équipe construit autour d'une expérience commune.

Didier Bordon
Tél. : 026 / 347 20 20
Fax.: 026 / 347 20 29