_ No 9 - printemps 1998 Print

LES PHASES PREALABLES AU DEPOT D'UNE DEMANDE DE BREVET

1: L'identification du besoin
Quelle que soit la motivation de l'inventeur en puissance, technicien, commerçant ou poète, sa démarche débutera généralement par la prise de conscience d'un problème ou d'un besoin. Souvent, ayant identifié un besoin, il cherchera d'emblée d'autres besoins susceptibles d'être satisfaits du même coup. Il arrive parfois aussi que la solution apparaisse avant le problème, et que l'inventeur se demande à quoi il pourra bien appliquer son idée, mais ce cas est plus rare.

2: La recherche d'une solution
Ayant identifié un problème, nombre d'inventeurs creusent la question, entrevoient une solution et ne s'en départissent pas. Cette démarche, courante, présente le risque de passer à côté d'une autre solution, meilleure. Ce risque peut être efficacement réduit grâce à la technique du brain-storming.

3: La critique de la solution
La solution d'un problème ne constitue pas nécessairement une invention, contrairement à ce que l'on pense généralement. Une invention doit notamment obéir à des critères de nouveauté, évidemment, mais également de faisabilité.

Je pars du principe, souvent vérifié, que le jugement porté par l'inventeur sur son invention est biaisé, subjectif, partial. L'avis neutre d'une tierce personne est donc nécessaire. Il confortera sa position ou, au contraire, lui prouvera qu'il s'est fourvoyé. Un raisonnement solide, fondé sur les principes fondamentaux de la physique et de la chimie, permet de prouver l'inanité d'un procédé ou d'un dispositif et évite ainsi des dépenses inutiles (c'est précisément l'un des buts de l'ASIRO que de proposer un tel service à ses membres).

Quelques précautions, telles que la signature d'un accord de confidentialité, protégeront utilement l'inventeur durant cette étape. Méfiez-vous de vos amis ! Soyez extrêmement prudent si vous demandez à un ami son avis sur votre invention. Par crainte de vous vexer ou de vous faire de la peine, il n'osera pas vous dire en face que votre invention ne tient pas la route.

4: Recherche d'antériorité
De nombreux inventeurs effectuent eux-mêmes cette démarche, de manière à identifier de probables antériorités. Soyons réalistes, autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! Même une recherche dans des bases de données spécialisées ne constitue pas une garantie absolue.

5: Et après ?
C'est seulement lorsque vous vous serez assuré que vous avez trouvé une solution originale correspondant à un besoin réel que vous pourrez envisager le dépôt d'une demande de brevet. Et n'oubliez pas qu'un tel dépôt déclenche le chronomètre de dépenses importantes; c'est un départ, pas une arrivée !

Le brainstorming
Littéralement tempête du cerveau, cette technique comporte deux phases successives fondamentalement différentes. La première phase consiste à identifier un maximum d'idées sans exercer aucune censure ni porter aucun jugement de valeur. La seconde phase consiste à évaluer ces idées en les passant au crible d'une analyse systématique et impitoyable. Le brain storming constitue un outil particulièrement efficace en matière de créativité et d'innovation.

Perpetuum mobile
Les alchimistes du Moyen-Age, hantés par la recherche de la pierre philosophale, n'ont rien à envier aux inventeurs XXème siècle, obnubilés par les grands défis d'une consommation d'énergie en constante augmentation.

Ainsi, au 25ème salon international des inventions de Genève, on pouvait voir une vidéo d'un moteur de voiture fonctionnant à l'eau. J'ai demandé au responsable du stand s'il s'agissait d'une émulsion ou d'un mélange carburant-eau, et quelle était le pourcentage d'eau dans le carburant. Il m'a confirmé qu'il s'agissait d'eau pure. Désespérant !

Dominique Noir, ingénieur